Partager la publication "Salon régional des Métiers d’art 2024"
Je serai présente au salon régional des Métiers d’art qui a lieu le vendredi 18, le samedi 19 et le dimanche 20 octobre de 10h à 19h à Comet au stand 90.
Vendredi de 14h à 15h je ferai une démonstration de la parure du cuir et de la couvrure d’un livre.
Voici un lien vers l’article qui concerne l’atelier sur le site du Salon des métiers d’art
https://salon-metiersdart.centre-valdeloire.fr/exposants/nathalie-peauger/
et une copie de l’interview à laquelle j’ai répondu :
Passion métiers d’art #zoom_12 : pratiques durables et éco-responsables
Au niveau national, les métiers d’art connaissent une transformation vers des pratiques plus durables et éco-responsables. Les artisans intègrent des matériaux recyclés, adoptent des techniques de production respectueuses de l’environnement et mettent en avant la durabilité de leurs créations. Cette tendance est soutenue par des initiatives gouvernementales et des organisations professionnelles visant à promouvoir la transition écologique dans le secteur.
En France, plusieurs initiatives gouvernementales soutiennent les pratiques durables dans les métiers d’art :
- Plan de Relance Écologique
- Labels « Made in France » et « Éco-Responsable »
- Fonds pour la Transition Écologique
- Plan National de Formation aux Métiers d’Art
- Programme « Innov’Action »
- ADEME
En région Centre-Val de Loire, plusieurs initiatives soutiennent les pratiques durables dans les métiers d’art :
- Plan régional de soutien à l’artisanat
- Maison de l’Artisan
- Journées des Métiers d’Art
- Subventions pour l’innovation
- Clusters régionaux, réseaux favorisant la collaboration et la durabilité.
- Partenariats locaux
Dans le domaine des métiers d’art, l’éco-responsabilité prend une place de plus en plus importante. Nous avons eu le plaisir d’interviewer Nathalie Peauger, une artisane relieur dont le parcours et l’engagement envers des pratiques durables et respectueuses de l’environnement sont inspirants.
Entretien avec Nathalie Peauger
Nathalie Peauger a étudié la reliure à l’école des Beaux-Arts de Versailles de 2003 à 2006, sous la direction de Marie-France Dequeker pour la reliure et Alain Coutret puis Rafaël Tarifa pour la dorure. Elle a également suivi des cours de dorure à l’ADAC, Paris Ateliers, avec Jean-Pierre Rousseau et obtenu son CAP « Art de reliure et de la dorure » en 2006.
Après quelques mois de travail dans un atelier de reliure courante, elle a créé sa propre entreprise, L’écrin des écrits, en 2009. Entre 2010 et 2012, elle a suivi une formation en restauration de livres avec Olivier Maupin au CFRPE. Depuis mai 2015, son atelier est situé à Orléans, au 2 allée du Clos vert, dans une maison-atelier partagée avec quatre autres artistes. L’écrin des écrits est membre des Ateliers d’Art de France depuis 2016 et a été présenté dans un article d’Art et Métiers du Livre en juin 2016.
Son parcours lui a permis de participer à divers concours, salons et expositions, remportant deux Prix de reliure d’art.
Quels matériaux utilisez-vous dans la reliure et la restauration de livres, et comment ces choix influencent-ils la qualité et la durabilité de vos ouvrages ?
« Pour la reliure et la restauration de livres, j’utilise essentiellement du carton, du papier, de la toile et du cuir. La matière première a une influence directe sur la qualité de mes ouvrages. Par exemple, pour les livres précieux, j’utilise du carton museum, du papier qui répond à la norme ISO 9706 et de la colle evacon R. Toutes ces matières premières garantissent la pérennité de la reliure ou de la boîte de conservation.
Ceci dit, j’utilise aussi beaucoup de matières qui ne répondent pas à ces normes qui restent très contraignantes en termes de création. Mon but premier est de répondre au désir du client, d’être à son écoute, de me relier à son projet. Et en fonction de ce que j’entends, je propose telle ou telle possibilité.
J’ai envie d’ajouter que le papier et les cartons sont des matières issues, en partie, du bois. Et j’ai entendu récemment un biologiste dire « le bois est de la lumière matérialisée ». J’adore me raconter cela, c’est poétique. »
2. Comment vérifiez-vous la provenance des matériaux tels que le cuir ?
« Pour le cuir, j’ai un petit stock à l’atelier que j’ai récupéré, acheté ici ou là. Pour ces cuirs, je ne peux connaître la provenance puisqu’il s’agit du marché de l’occasion. Lorsque je commande un cuir neuf, je m’adresse souvent au même fournisseur : Alran, un mégissier situé à Mazamet. J’achète en majorité de la peau de chèvre (que nous nommons chagrin une fois transformé… D’où l’expression peau de chagrin) et ces peaux sont, selon les dires de mon mégissier, des « déchets » de l’industrie de la viande. J’ai ainsi appris que les métiers du cuir sont des métiers considérés comme des métiers du recyclage.
Œuvrer avec le cuir est très sensuel. Je caresse souvent les livres recouverts de peau. C’est peut-être une manière de remercier l’animal pour ce don. Je n’ai jamais travaillé de cuir d’animaux sauvages : crocodile, serpent… Car je me sens très mal à l’aise avec cela et j’ai en moi un amour vibrant pour le monde animal.
Je tiens à ajouter que je me fie surtout à mon ressenti. Je sens ou je ne sens pas les choses. Et la matière, quand j’œuvre avec elle, parle aussi d’elle-même. C’est une sorte d’alchimie en présence ou non dans l’atelier. Certaines matières ne sont pas faites pour s’accorder entre elles ou au prix d’une domination totale de l’artisan qui emploie les grands moyens pour arriver à ses fins… Je déteste travailler dans ces conditions et préfère nettement la fluidité du geste.
J’ai déjà eu affaire à des papiers particulièrement revêches qui n’acceptaient pas le nouveau rôle que je leur dédiais, qui ne tombaient pas amoureux de leur partenaire. J’apprends souvent par l’expérience. Et cela depuis 2003… L’année où j’ai commencé mon apprentissage de la reliure et de la dorure. »
3. Comment assurez-vous la durabilité de votre travail de reliure, et en quoi la restauration de livres s’inscrit-elle une démarche visant à prolonger la durée de vie des objets ?
« La reliure est clairement une démarche de réparation, conservation, valorisation des livres. La plupart de mes clients passent le pas de porte de l’atelier avec un désir de transmettre un livre, des écrits, à leurs proches ou pour eux-mêmes. Au-delà de la démarche de réparation pour prolonger la durée de vie du livre, il y a souvent une forte dimension symbolique dans l’acte de faire relier ou restaurer un livre avec une valeur affective, une valeur intellectuelle par exemple. Les livres sont l’une des nourritures de l’âme humaine.
Pour moi, la reliure est un métier chargé de sens : au sens littéral car il s’agit de distinguer l’endroit de l’envers pour éviter que le livre n’ait ni queue ni tête. Étymologiquement, « reliure » nous vient du latin « religare », la même racine que le mot religion. Relier un livre, c’est lier les pages entre elles par le passage du fil, pour relier les générations entre elles et cela à plusieurs niveaux : les écrits de l’auteur pourront ainsi être lus et relus, l’objet l’œuvre passera de mains en mains, de générations en générations.
Et aussi relier la Terre au ciel car les livres sont des voyageurs qui nous font voyager, rêver et qui souvent nous élèvent. Ils sont lus, restent quelques décennies dans une bibliothèque, puis retournent sur les étals, parfois font un détour dans un atelier de reliure pour ensuite rejoindre leurs camarades sur une étagère. Avec les livres, la magie opère et je prends soin d’eux pour que la magie continue d’opérer dans le cœur des Hommes qui les auront en mains. »
L’Éco-Responsabilité au Cœur de l’Artisanat de Reliure
L’éco-responsabilité et la durabilité dans les métiers d’art, telle que pratiquée par Nathalie Peauger, montre combien il est possible de conjuguer tradition et modernité avec un profond respect pour les matériaux et l’environnement. Son approche sensible et poétique de la reliure illustre parfaitement l’importance de l’artisanat dans la préservation de notre patrimoine culturel et naturel.
A très vite, je l’espère <3